Millésime 2023 : Entre Défis et Élégance

L’année viticole 2023 s’est avérée être une histoire contrastée, alternant entre la pénurie et la promesse d’une renaissance, révélant l’ampleur des défis qui attend l’agriculture toute entière.

Le premier chapitre de ce millésime était marqué par la deuxième année consécutive de sécheresse hivernale persistante, jetant une ombre inquiétante sur les perspectives de récolte. Les quatre premiers mois ont vu un déficit pluviométrique notable, exacerbant les inquiétudes quant aux réserves hydriques du sol. Le vent Mistral, soufflant avec une intensité redoutable en avril, a amplifié les craintes en asséchant davantage les terres déjà arides, élevant la préoccupation au sujet de la santé des vignes.

Le mois de mai a apporté un soulagement temporaire sous forme de pluies tant attendues, quoique sporadiques. Cependant, cette clémence s’accompagnait parfois d’orages de grêle, endommageant les feuilles et créant un environnement propice aux champignons. Le mildiou, en particulier, a proliféré, laissant présager des répercussions significatives sur les rendements, surtout pour les jeunes vignes. Notre équipe s’est battue, parfois jour et nuit pour sauver la récolte et je tiens à remercier particulièrement nos chauffeurs et notre jeune responsable des programmes Montaine, pour n’avoir jamais lâché prise.

L’été s’est déroulé de manière relativement modérée, nous gratifiant de nuits fraîches, bien que non sans une touche particulière — une vague de chaleur a balayé la deuxième moitié d’août. Heureusement, elle a été tempérée par les brises marines dans la région des Costières de Nîmes. Cet été tempéré, associé aux réserves d’eau du sol régénérées, a permis aux vignes de résister avec élégance et de porter leurs raisins à une maturité parfaite.

La récolte, anticipée avec une certaine appréhension, a débuté le 23 août avec la vendange inaugurale du Viognier, affichant un retard d’une semaine par rapport à la saison précédente. Les deux semaines qui ont suivi ont été marquées par une activité frénétique, où la majorité des cépages blancs et rosés ont été récoltés dans des conditions chaudes. Les raisins ont néanmoins montré un équilibre surprenant compte tenu des défis initiaux, avec des niveaux d’alcool modérés entre 12 et 13,5%. Notre capacité à refroidir les raisins avant leur rentrée en cave a été une fois de plus salutaire.

Pour les rouges, une parenthèse de dix jours a été instaurée pour favoriser une maturation optimale des tanins et permettre à l’équipe de cave sur le pont non-stop et en 2×8 depuis le premier jour, de souffler un peu. Les nuits fraîches de l’été ont exercé une influence cruciale sur les couleurs riches et le développement des tanins raffinées. Les rouges offrent une palette sensorielle complexe et nuancée et de très belles perspectives de vieillissement.

Ainsi, le millésime 2023, malgré des débuts difficiles, émerge comme un récit viticole où l’engagement sans retenue de notre équipe talentueuse et passionnée a permis de surmonter les caprices d’une nature bousculé par le dérèglement climatique. Les vins qui en résultent, bien qu’ayant subi les affres des éléments, incarnent une promesse de caractère et d’authenticité, reflétant fidèlement les aléas de cette année mémorable.

 

 

Est-ce que les vignes ont besoin d’irrigation ?

Dans un contexte actuel de sécheresse, cette question fait débat. Les avis, toujours très tranchés, étaient souvent liés à la climatologie et à l’accès à l’eau pour irriguer.

Comme toutes les plantes, la vigne a besoin d’eau pour le fonctionnement de sa photosynthèse, afin de constituer ses tissus, alimenter ses fruits et réguler sa température. Dans nos climats méditerranéens, elle fait partie des plantes avec un faible besoin en eau.

Jusqu’à présent, dans la majorité de l’hexagone, la pluviométrie annuelle en quantité et en répartition dans le temps était suffisante pour assurer le bon développement de la vigne. Les sols étaient capables de stocker suffisamment d’eau durant la période hivernale pour la mettre à disposition des racines durant la période sèche.

Malheureusement, la culture de la vigne en sec dans notre région est mise en péril aujourd’hui à cause de deux effets :

  • D’abord, l’appauvrissement des sols en matière organique depuis l’avènement des engrais minéraux. Cette matière organique, combinée à l’argile du sol, forme le « complexe argilo-humique » : une véritable éponge et support de biomasse, stockant eau et minéraux mis à disposition de la plante.
  • Ensuite, le dérèglement climatique qui se traduit par une forte diminution de la pluviométrie annuelle depuis 25 ans, des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et longs ainsi que l’allongement des périodes caniculaires.

Aujourd’hui, nos sols ont une capacité de rétention d’eau bien plus faible qu’il y a 50 ans, cela ne fait qu’accentuer le problème.

L’agriculture régénératrice répond à ces problèmes par le biais de l’installation de couverts végétaux permanents entre les rangs de vigne. Cela permet une amélioration substantielle de la matière organique du sol.

Cependant, un vieil adage dit qu’il faut semer avant de récolter. Dans un premier temps, passer d’un sol travaillé à un sol couvert augmente le besoin en eau. En effet, le couvert végétal exerce une concurrence auprès de la vigne en puisant l’eau du sol.

Dans les 3 à 5 ans à venir, le couvert végétal va augmenter le taux de matière organique du sol et va donc augmenter sa capacité de rétention en eau. A terme, notre objectif est de ne plus irriguer nos vignes, ou le moins possible. C’est pourquoi nous avons choisi d’installer des couverts végétaux dans nos vignobles équipés d’irrigation.

Nous bénéficions du canal d’irrigation du Bas-Rhône Languedoc. Le canal conçu pour alimenter les agriculteurs de la région est une ressource d’eau douce provenant du Rhône juste avant qu’il ne se jette dans la mer. Nous avons bien entendu choisi le mode de distribution d’eau le plus frugal : le goutte-à-goutte. Aussi, nous pilotons les besoins de la vigne au plus juste grâce aux technologies modernes : sondes capacitives de sol, chambre à pression, stations météos. En maitrisant le niveau de stress hydrique de la vigne, nous maintenons une qualité de raisin optimale.

L’autre bénéfice de cette approche est que l’augmentation de la matière organique, résultant de ce procédé, à un stockage de carbone prélevé dans l’atmosphère grâce à la photosynthèse du couvert végétal. Elle contribue ainsi à la réduction de l’effet de serre qui affecte actuellement notre atmosphère.

Faisons tous, chacun à notre niveau, un geste pour notre planète !

 

  • Mas de Nages
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